Embarquez pour un voyage introspectif autour du monde

Voilà ma problématique : comment encoder, stocker et restituer efficacement une suite de mille chiffres, sans motif apparent ni logique intrinsèque, en un minimum de temps ? Et si je vous disais que la solution ne requiert pas plus de trois jours ?

Nous vivons dans une ère du « toujours plus » : toujours plus d’argent, de responsabilités, de nourriture, de vêtements, de notifications, de pixels, d’informations, de craintes. Le moins n’est-il pourtant pas l’instrument du mieux ?

Moi qui pensais faire un voyage, c’était le voyage qui était en train de me faire, ou plutôt de me défaire. J’avais longtemps jugé de ce qui me paraissait bon ou mauvais. Je pensais le monde tel que j’étais, et là, j’apprenais lentement à le regarder tel qu’il est réellement.

Cette visite chez les Massaïs m’a beaucoup appris. Tout dans leur quotidien me bousculait. Le confort semblait inexistant. Leurs habitudes alimentaires m’écœuraient. L’odeur omniprésente du bétail me dérangeait, leur conception de l’amour aussi.

Le vrai défi est de remettre en question la nature de la réalité. Doutons de tout : de nous, des autres, d’un créateur. Interrogeons-nous sur l’origine de l’existence. Est-ce un rêve, une simulation, ou le fruit d’un chaos ordonné ?

La peur est utile, sauf lorsqu’elle nous cloue sur place et nous prive de l’audace nécessaire pour vivre pleinement. C’est la peur de la peur elle-même, une spirale d’inquiétudes que les médias nourrissent avec leur flux incessant de tragédies.

Après trois heures de marche, Káshö s’est arrêté au bord d’une rivière. C’était un de ses endroits préférés. Là, nous avons méticuleusement établi le camp et suspendu nos hamacs entre deux arbres résistants. À proximité, Káshö a allumé un feu pour préparer du chocolat.

Quel est le sens de la vie ? À cette question, une réponse pragmatique pourrait être « celui de la flèche du temps ». Cette vision soulève cependant de nouvelles interrogations : où débute cette flèche et vers où se dirige-t-elle ? Le temps a-t-il un commencement et une fin ?

Un sentiment de désarroi m’envahissait. Pour la première fois depuis que j’avais tout quitté, je me suis senti perdu. Étais-je vraiment en train de vivre selon mes propres termes ou est-ce que je me laissais guider par des rêves irréalistes ?

Par le passé, j’avais trop souvent mis mes projets au service de mon ego. Depuis, j’étais dans une démarche inverse. Je souhaitais convertir cet ego, dont il m’était bien trop difficile de me détacher, en une locomotive pour relever de nouveaux défis.

Le lendemain, j’ai approché à pied la zone démilitarisée. Mon passeport a été minutieusement scruté avant que la voie ne me soit indiquée. Techniquement, le temps de quelques minutes, je n’étais dans aucun pays. En franchissant la barrière de l’autre côté, le contraste était frappant.

La frontière est ténue entre la poursuite de ses rêves et le risque de s’égarer dans un envol trop présomptueux. Chaque jour est un numéro d’équilibriste, une épreuve de discernement entre l’aspiration légitime et l’illusion dangereuse.

La tête en bas, flirtant avec le vide, j’ai ressenti un mélange de terreur et de gratitude. J’ai eu peur. Parce que je n’étais pas prêt, parce que ma vie venait à peine de commencer et que je n’avais pas appris à mourir.

Dans le Sahara, le temps semblait suivre son propre rythme. Je ne saurais dire s’il allait plus vite ou plus lentement. Il passait différemment. Nous avions des montres ; les nomades, eux, avaient le temps.

Au fond, ma véritable quête n’était pas vraiment de profiter du jeu, mais d’en comprendre le but. Pour y parvenir, j’étais prêt à en explorer toutes les facettes, à ressentir toutes les émotions, jusqu’à sacrifier le bonheur si cela signifiait de pleinement exister.

Ce qui m’a conduit au cœur de l’un des stadiums les plus renommés de Thaïlande, c’est la recherche d’intensité. J’aspirais à une vie où chaque moment compte ; une vie qui embrasse l’extase comme le désespoir ; une vie sans demi-mesure.

Sur les coups de minuit, le 25 mars 2023, j’ai rejoint la cabine de pilotage pour partager un moment symbolique avec l’équipage : le franchissement du parallèle de latitude sud 66° 33’, caractérisant le cercle Antarctique, deux cent cinquante ans après James Cook.