ESSAI

Mon histoire

Le récit, en bref, de mon histoire.

Temps de lecture estimé :
8
min
Publié le
6/6/2023

Mon histoire est celle d'un homme ordinaire, qui a choisi une vie qui ne l'est pas.

Acte 1 : La Provence

Je suis né le 9 février 1994 dans un charmant village de Provence. J'ai grandi bercé par les récits de l'Iliade et de l'Odyssée. Mon père, peintre et chaman, a quitté le foyer à mes 4 ans. Ma mère, médecin, m'a élevé.

Ulysse lubin enfant
Vers 1997, en Provence

Longtemps, j'ai emprunté le chemin que les autres avaient tracé pour moi.

Enfant, je menais une vie classique de village entre l'école, le sport et les copains. Adolescent, je rejoignais Avignon, pour poursuivre mon formatage, d'abord chez les bonnes sœurs, au collège, puis chez les Jésuites, au lycée. Je ne savais pas quel métier exercer. Ma passion se trouvait dans l'immensité de l'espace, et à part astronaute, rien ne m'inspirait.

Rien, ou presque. L'étincelle du voyage et de l'écriture commençait à s'allumer en moi.

À mes 17 ans, je fis part à ma mère de mon intention :

- Je vais voyager et écrire des livres !

Elle rétorqua :

- Deviens ingénieur, et nous en rediscuterons après.

Je n'avais pas encore le courage de désobéir, ainsi je m'inscrivis en classe préparatoire

Acte 2 : La voie "royale"

La première année, je me distinguais en terminant premier de ma promotion. La seconde, les doutes commencèrent à m'envahir face à cette obligation de travailler sans relâche.

Ingénieur ? Quel était donc ce graal qui exigeait de sacrifier ses rêves ?

Je me voyais sombrer. Je n'étais plus le meilleur. Je me sentais seul.

Et puis, un jour, j'ai craqué. Quelques mois avant les examens écrits, j'ai cessé d'assister aux cours. La moindre équation me rebutait. Tout semblait terminé. Tous ces efforts... pour rien. Enfin, pas tout à fait. Avec une certaine désinvolture, je me suis tout de même présenté aux concours et, quelques mois plus tard, j'ai été admis dans une grande école d'ingénieurs.

J'y ai passé trois belles années. Si je n'y ai rien appris de très utile, j'y ai noué des amitiés fortes. Cependant, quelque chose sonnait faux. Là-bas, des professeurs abattus nous promettaient un avenir radieux. Exécuter des ordres depuis d'imposantes tours de béton ne me semblait pas être un idéal à atteindre.

Cette vision du bonheur me semblait fumeuse.

Dans le doute, j'ai laissé ma curiosité vagabonder en dehors de ce que l'on nommait la "voie royale". J'ai passé le BAFA pour participer au financement de mes études et un brevet en parachutisme. L'animation aura d'ailleurs été une belle école de la vie. Puis, j'ai poursuivi ma fascination pour l'univers en étudiant les techniques de détection des exoplanètes et en participant à de nombreuses initiatives d'agences spatiales.

Ulysse Lubin saute en parachute
Une métaphore de ce qui allait m'arriver

Acte 3 : Les startups

Dans un concours de la NASA pour imaginer les technologies du futur, j'ai découvert l'entrepreneuriat. J'ai récidivé avec l'ESA. J'étais conquis. J'avais trouvé mon échappatoire : les startups.

C'est alors qu'un camarade d'école m'a proposé de participer à un concours organisé par notre ville. Nous avons imaginé un projet qui, une fois n'est pas coutume, n'avait rien à voir avec l'espace, mais qui nous rapporta la première place. Cette fois, on nous offrait des moyens pour démarrer, avec un chèque et des bureaux. J'étais âgé de 22 ans. Nous étions à l'aube de notre diplôme. L'aventure startup semblait plus excitante que le salariat. Alors, après un tour de l'Islande en van, nous nous sommes lancés.

Ulysse en mode startup
Nommer sa startup "Everything" est bien prétentieux

Les choses ne se sont pas déroulées comme anticipé. Nous n'avons pas changé le monde. Nous n'avons pas fait fortune. La réalité brute, c'est que nous avons consacré trois années à la recherche d'un modèle économique viable, en enchaînant les faux pas.

Cette première tentative d'entreprise demeure, à ce jour, mon plus gros échec. Le jour de la liquidation, face à mon équipe, j'avais honte. Honte de les avoir entraînés dans une mission illusoire. Honte de leur avoir fait entrevoir un futur fantasmé. Honte de n'avoir pas su être à la hauteur.

Ce naufrage était trop dur à accepter. Alors, par lâcheté, je me suis enfui.

J'ai acheté un billet sans retour vers l'Amérique latine et je suis parti, seul. Deux mois durant, j'ai erré, égaré dans mon existence, de la Cordillère des Andes aux vallées sacrées des Incas, passant sous le regard rédempteur du Christ de Rio.

Quelque part au milieu des montagnes péruviennes, à 5200m d'atitude

Acte 4 : Les premiers questionnements

Pour aller au Machu Picchu, vous pouvez prendre un train depuis Cuzco pour rallier, en l'espace de 3h, Aguas Calientes, un village niché au pied de l'ancienne cité inca. Si votre bourse est légère, mais votre temps abondant, ce qui était mon cas, une autre option s'offre à vous. Un colectivo serpente à travers les montagnes pour atteindre Hydroelectrica en 8h de trajet. Par la suite, vous devrez emprunter un sentier le long du chemin de fer durant 3h supplémentaires.

C'est sur ces routes sinueuses que, pour la première fois, j'ai pris la résolution d'être sincère avec moi-même, et de confronter ces interrogations qui m'effrayaient.

Pourquoi avais-je échoué ?
Qui étais-je vraiment ?
Que voulais-je accomplir avant de mourir ?

Puis, je suis revenu en France, les poches peut-être vides, mais la tête pleine d'idées. Pour cela, j'avais quelques vidéos de mon périple, ma plume, et une volonté farouche de montrer au monde que j'allais rebondir. Un soir, dans une impulsion, j'ai ouvert un blog. J'ai passé toute une nuit à dresser la liste des erreurs que j'avais commises. Le lendemain, je publiais mon premier billet, intitulé "On s'est bien planté". Si la prose était maladroite, l'écriture, elle, venait du cœur.

Je l'ai partagé sur Linkedin. Le post a fait sensation. Des centaines de milliers de personnes étaient maintenant au courant de mon échec. Aussitôt, les messages ont afflué. Parmi eux se trouvaient une quarantaine de propositions pour m'embaucher. Dos au mur, j'acceptais un poste dans une startup parisienne, pour vivre la phase de croissance que je n'avais jamais connue.

Et voilà, j'avais enfin réussi ! Un salaire confortable garnissait chaque mois mon compte en banque. Ma vie était rythmée par les réunions, les apéros en terrasse et les longues journées de labeur. J'habitais en plein cœur de Paris dans une modeste chambre. N'était-ce pas là le rêve tant espéré ?

Les déchets de Paris
Paris, pour le meilleur et pour le pire

Acte 5 : La petite boule noire

C'est alors qu'elle est apparue dans ma vie. Elle s'est immiscée dans mon intimité, et très vite, nous ne sortions plus l'un sans l'autre. Son surnom : "ma petite boule noire".

Ce n'était ni une dépression, ni un burn-out. C'était une petite boule noire. Elle était la personnification de mes mauvais souvenirs, de mes idées sombres. Elle flottait là, au dessus de mon épaule, sans jamais me quitter.

J'ai tenté maintes choses pour l'éloigner : les livres, la méditation, l'écriture... en vain. Soulager les symptômes d'un mal-être, ce n'est pas se soigner.

Pour mes premières vacances durement gagnées, j'ai mis le cap sur le Kirghizistan. J'ai sillonné le pays en auto-stop, en bus, et à cheval. Là-bas, je vibrais de nouveau. J'ai dormi chez des locaux, lutté avec le chef d'une famille de nomades, puis bu du koumis, ce lait de jument fermenté qui m'a rendu malade. Perdu au milieu de nulle part, intoxiqué et trempé par la pluie, je me sentais plus vivant que jamais.

En moi germait un désir ardent de m'affranchir, d'oser, de reprendre les rênes de ma vie. Alors que j'atteignais le sommet du pic surplombant le lac Ala-Kul, je fis un serment : celui de ne plus jamais me résigner, et de me dresser face à mon destin.

À 3800m, au dessus du lac Ala Kul

À mon retour en France, je reprenais une introspection structurée (par ici pour découvrir mes méthodes). J'ai commencé à écrire, à publier, à me mettre en mouvement. Après avoir passé 9 mois à travailler pour les rêves d'autrui, je parvenais enfin à articuler les miens.

Je souhaitais découvrir de nouvelles idées, me plonger dans diverses disciplines, explorer de nouvelles contrées, et partager mes découvertes.

Le jour de mes 26 ans, j'ai réuni mes amis pour leur annoncer la nouvelle.

Acte 6 : 100 challenges à travers le monde

"Je quitte tout, mon job, mon appartement, mes possessions, et je m'en vais relever 100 challenges à travers le monde !"

*silence*

Mes proches n'ont pas compris. Ils s'inquiétaient. Je peux le comprendre. Après tout, je venais à peine de retrouver un semblant de stabilité après une débâcle monumentale, et voici que j'annonçais un départ autour de la Terre pour explorer ma curiosité, apprendre à me connaître, et dépasser mes barrières mentales. Ils me croyaient fou. Pourtant, ne sommes-nous pas tous le fou de quelqu'un d'autre ?

Ce jour-là, la petite boule noire a disparu. C'était il y a 3 ans. Elle n'est jamais revenue.

Depuis, j’ai mémorisé 1000 décimales de Pi, survécu une semaine dans la jungle avec un indigène Bribri, marché dans le Sahara aux côtés de nomades mauritaniens, retenu 5 minutes mon souffle puis plongé à 35 mètres de profondeur en apnée, et combattu professionnellement en muay thai dans le plus grand stadium du sud de la Thaïlande, pour ne mentionner que quelques-unes de mes expériences.

J’ai parcouru le monde en quête de sens, jusqu’en Antarctique, rencontrant des personnages aussi authentiques que fascinants. Leurs histoires ont marqué la mienne.

Il s'en est passé des choses

Aujourd'hui, les récits de mes aventures ont été vus, lus et écoutés plus de 100 millions de fois sur internet. Un livre, retraçant plus de 1000 jours de voyage, de défis et de rencontres, paraîtra au printemps 2024. Enfin, des expéditions toujours plus ambitieuses se préparent, ainsi que des projets de documentaires.

Si je ne suis pas encore devenu astronaute, je crois néanmoins avoir trouvé ma voie. Ma mission, c'est d'inviter tous ceux qui se sentent prisonniers d'une petite boule noire à se rebeller face à leur destinée. Par mes actions, je veux montrer que l'avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves.

Ulysse Lubin signature

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